La vie politique, au début du siècle, suivait un rythme désormais bien connu, scandé par des renversements d'alliances et des chutes de cabinets ministériels, complètement imprévisibles, mais tout aussi attendus que les élections législatives générales qui se déroulaient tous les cinq ans. Aussi, était-il prévu de procéder en 1906 au renouvellement de la Chambre des députés. |
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La législature qui s'achevait, expirait dans un climat exécrable, nourri par les passions de l'heure : l'Affaire Dreyfus, celle des Fiches et l'adoption de la loi qui instaura la Séparation en décembre 1905. Au sujet de cette dernière, Le Glaneur, édition bayeusaine de la très républicaine feuille caennaise le Réveil Normand, eut ces mots : « Les véritables ennemis de la religion sont les prêtres qui font de la politique. » Si partout en France, cette élection vit s'affronter "Réactionnaires" et "Blocards", conservateurs et républicains, ce n'était pas le cas à Bayeux où la gauche, quasi inexistante, ne présenta pas de candidat. L'effet conjugué des candidatures du baron Gérard, député monarchiste sortant à la forte personnalité, et du nationaliste Louis d'Arthenay, avait annihilé de facto toute chance de succés républicain. L'antisémitisme et le complot judéo-maçonnique revenaient sans cesse dans les colonnes. Le Glaneur de la Manche évoquait la "Constitution tronquée". Ce même journal dénonçait avec La Revue antimaçonnique la "trahison des Loges" et la "conjuration juive". |
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Lors des élections législatives de 1910, Adrien Dariac, candidat de la gauche était soutenu par L'Avenir de l'Orne, tandis que l'Indépendant de l'Orne propageait la bonne parole du comte de Lévis-Mirepoix, député sortant. |
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Dernier candidat, avec Ernest Flandin et Jules Delafosse, à se réclamer du bonapartisme, Fernand Engerand, député de la seconde circonscription de Caen, était le fils d'Auguste Engerand, élu en 1889 sous l'étiquette bonapartiste-boulangiste dans la circonscription de Caen I. Auguste Engerand écrivait à la fin des années 1870 dans L'Ami de l'Ordre, organe bonapartiste. Si les républicains, forts des succés de Henry Chéron dans la première circonscription de Caen et d'Albert Mahieu à Cherbourg lors du scrutin de 1906, ne faisaient plus figures de novices, ils eurent bien des difficultés à trouver un homme pour affronter le député sortant de Caen. |
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Journal de Cherbourg, républicain de concentration des Groupes de gauche, élection législative de 1906. |
Les républicains font quelques progrès, emportent quelques mairies. Les socialistes n'ont, dans la région et à cette époque, jamais vraiment réussi à s'imposer. Quelques journaux virent cependant le jour. L'un des premiers fut sans doute Le Haro en 1892, suivi en 1902 par Le Travailleur socialiste, en 1905 du Semeur et de Combat en 1907. Bien d'autres suivront après guerre. |
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Le sensationnel fait ses débuts dans la presse. Le Nouvelliste en est la parfaite illustration. Le temps est à la fête, on ne se soucie guère du lendemain et on annonce un bel été. |
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