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Cette période marque les débuts de la publicité dans les journaux. Très vite, les rangs serrés des vainqueurs se distendent. Républicains modérés d'une part et démocrates et socialistes de l'autre s'affrontent. Domin, ancien avoué, monarchiste convaincu, fonde alors L'Ordre et la liberté. « Il n'y a plus que deux partis en France : d'un côté, une faction anarchique, de l'autre, la France qui lutte pour ne pas tomber dans le gouffre où cette faction veut l'entraîner. Nous sommes du parti de la France » peut-on lire dans cette feuille. La tension monte dans Paris. En juin 1848, le général Cavaignac, sur ordre du gouvernement, réprime dans le sang les ouvriers insurgés par l'annonce de la fermeture des ateliers nationaux. Le cautionnement est rétabli. La Mennais, démocrate d'obédience chrétienne, a ces mots lorsque son journal, Le Peuple constituant, disparaît : « Il faut de l'or, beaucoup d'or pour jouir du droit de parler : nous ne sommes pas riches. Silence aux pauvres ». Les heurts sont fréquents, le pouvoir vascille. Les élections présidentielles approchent. Deux candidats sont en lice : le général Cavaignac, chef du gouvernement depuis juin, et le neveu de l'Empereur, Louis-Napoléon Bonaparte, alors complètement inconnu. Le Journal de Cherbourg écrit : « Napoléon n'est qu'un nom, un nom n'est pas un homme et c'est un homme qu'il faut à la France ». Le Journal d'Alençon, Le Pilote, Le Haro se prononcent contre lui contrairement au Phare de la Manche, au Patriote de Saint-Lô. L'Ordre et la liberté prend fait et cause pour Louis-Napoléon : « Il est un nom. Ce nom a une puissance magique ; il rappelle le rétablissement de l'ordre en France ». |
Les résultats plaident en faveur de Louis-Napoléon lequel a obtenu 75 % des suffrages alors que la majorité des journaux s'était prononcés contre. Les législatives d'avril 1849 entérinent cette victoire. C'en est bel et bien terminé de la liberté, toute relative, dont jouissait jusque là la presse. Nombre de journaux tombent, certains résistent à la Réaction. Pont, le très républicain directeur du Haro, parvient à fonder Le Suffrage universel : « L'ignorance, la misère, la calomnie et l'égoïsme peuvent encore, pour quelques temps, fausser le suffrage universel ; mais l'époque n'est pas éloignée où le peuple comprendra ses véritables intérêts ». Le plus ancien journal de la région, Le Publicateur de l'Orne, naît à Domfront en 1850. Il se fait le porte-parole du gouvernement et la droite. La Manche, créée en 1851, a pour sous-titre : " Religion, propriété, famille ". L'Orne, fondée en novembre 1851, ne manque pas de défendre des idées républicaines : « Il faut accepter comme inévitable la révolution sociale que la presse doit accomplir ; on peut entraver la presse dans la marche que lui tracent les événements, mais on ne peut l'empécher de changer la face du monde ». Il n'y a pas de second numéro, Bonaparte met à un terme à la république à la faveur du coup d'état du 2 décembre 1851 et devient empereur un an plus tard. |
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