La Restauration |
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La monarchie censitaire, comme l'Empire, n'eut de cesse de contrôler la presse. Pas moins de 18 réformes législatives régirent son fonctionnement sous ce régime. La Restauration tente par tous les moyens de l'étouffer, comme en témoigne la caricature reproduite ci-contre. La loi Serre introduit le cautionnement en 1819. En cas de condamnation, la caution est encaissée par le Trésor. Cela signifie pour nombre de journaux une cessation pure et simple d'activité. Les journalistes sont donc obligés de pratiquer une certaine forme d'autocensure, ce qui n'empêche pas le Préfet de procéder à une relecture des articles avant parution. Au sortir de l'Empire, la presse bas-normande se limite à un journal par département : Journal du Calvados, Journal de l'Orne, Journal de la Manche. Composée du doyen de la faculté de droit, du secrétaire de la faculté de sciences et d'un abbé, la commission de censure ne déborde donc pas d'activité. Son rôle, selon le préfet, est d' « (...) d'écarter des écrits soumis à son examen tout ce qui pourrait porter atteinte à la religion, au Roi ou à la légitimité et aux intérêts reconnus et consacrés par la Charte ». |
La création sous l'Empire des feuilles d'affiches, annonces et avis divers avait doté les plus petites villes de journaux. Ce mouvement s'amplifie sous la Restauration et d'innombrables feuilles voient alors le jour telles les Affiches, annonces et avis divers d'Argentan ; de la ville et de l'arrondissement de Bayeux ; à Mortagne ou encore L'Hebdomadaire à Vire et bien d'autres. Non politiques, ces journaux relatent les faits divers, le cours des matières premières. Ils sont les ancêtres des journaux d'arrondissement. Les feuilletons font leur apparition, tiennent les lecteurs en haleine d'une parution à l'autre et contribuent ainsi à les fidéliser. La tentation est néanmoins grandissante de prendre part au débat politique. À Saint-Lô, L'Écho, Journal du département de la Manche, dirigé par Julien Travers, exprime nettement les idées anticléricales de ce dernier. Aussi, peu à peu, et non sans condamnation et autres tracasseries administratives, quelques journaux passent sous les fourches caudines de la loi, ce qui conduit incontournablement à la création d'une seconde feuille d'avis contraire. C'est ainsi que de simples bourgades telle Honfleur voient s'affronter L'Écho honfleurais et le Journal de Honfleur. |
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Le sous-préfet écrit au sujet du premier : « le fonds est fait de mauvais sentiments et d'idées révolutionnaires » alors que le second « n'a jamais voulu prêter ses colonnes aux attaques des hommes passionnés, ennemis du gouvernement (...) ». Cette presse d'arrondissement forme bel et bien l'ossature de la presse régionale. |
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