Le Second Empire

Un paradoxe caractérise ce régime. Jamais autant énergie ne fut déployée pour museler la presse alors qu'elle atteignait toutes les classes de la population. Louis-Napoléon, imitant là son oncle, se débarasse rapidement des journaux qui lui sont hostiles. Le Haro et Le Suffrage universel, des feuilles "rouges" sont interdites, le Journal de Cherbourg est suspendu. L'autorité des préfets est renforcée alors que le cautionnement est porté à 7500 francs au lieu de 1800 francs. Peu de journaux sont donc créés, guère plus d'une trentaine en 20 ans... et le tiers entre 1868 et 1870.

L'Ordre et la Liberté, 1864

Le Moniteur du Calvados et L'Ordre et la liberté se distinguent par le nombre de leurs abonnés et le Pilote reste le seul organe républicain mais est absorbé en 1857 par le Moniteur. Ce titre personnifie à la perfection le rôle que les préfets faisaient jouer à un journal totalement sous contrôle. En face, seul L'Ordre et la liberté symbolise la presse d'opposition, et encore ce journal conservateur est d'obédience légitimiste. Les républicains, Georges Mancel et Barthélémy Pont en tête, tentaient en vain de faire passer leur message : le lectorat était résolument passé à droite. L'Éclaireur puis Le Progrès du Calvados parurent moins d'un an.

Le Noireau, 1860

L'histoire de la presse ne se limite pas à celle de Caen. Bayeux compte deux feuilles L'Écho bayeusain et L'Indicateur de Bayeux, toutes deux conservatrices tout comme Le Messager de la Manche, à Saint-Lô. L'Orne reste dépourvue de presse politique, ce qui, en 1857, incite le préfet à autoriser Auguste Poulet-Malassis et Eugène Debroize à transformer le Journal d'Alençon en feuille politique. Malassis, républicain, condamné en 1848, s'est engagé à ne plus attaquer le gouvernement. Selon le préfet, le rédacteur « mettra son journal à la disposition de l'administration ». Loin de servir le pouvoir, ce journal demeure neutre, jusqu'à ce qu'un article de 1866 critique la guerre menée au Mexique. Le préfet demande la création d'un organe qui serve véritablement l'empereur. Le Courrier de l'Ouest apparaît donc en 1867 et est dirigé par Henri Dugué de la Fauconnerie.

La déclaration de guerre de la France à la Prusse en juillet 1870 scelle le sort du Second Empire. C'est la bérézina dans les rangs de l'armée française, Sedan marque la victoire prussienne. Napoléon III est fait prisonnier. Un gouvernement de défense nationale, dirigé par Léon Gambetta, décide de poursuivre la guerre.

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Le Noireau, 1860